mercredi Avril 26, 2023

Politique industrielle : Tirer des enseignements des autres pays du monde pour le Canada

Le défi de la carboneutralité ne concerne plus seulement les émissions. La loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA) et le plan industriel Green Deal de l’UE ont clairement indiqué que les ambitions internationales en matière de neutralité carbone sont également une question de compétitivité. Bien que le budget 2023 ait fait des avancées substantielles dans la bonne direction, il reste encore du travail à faire pour que le Canada  mette en œuvre une politique industrielle stratégique qui lui soit propre, afin de faire bouger les choses en matière d’optimisation des investissements, de création de bons emplois et de construction de chaînes d’approvisionnement carboneutres.

Mais à quoi ressemble une politique industrielle moderne ? Et comment pouvons nous l’utiliser pour réduire les émissions et tout en restant compétitifs dans un monde à faibles émissions de carbone ? Cette conversation avec d’éminents experts internationaux se penche sur des exemples du monde entier pour trouver les principes communs ainsi que les leçons à retenir pour faire le succès d’une politique industrielle à carboneutre.

Résumé du webinaire

Comme d’autres nombreux aspects de la transition vers une économie carboneutre, la politique industrielle du Canada – les actions stratégiques du gouvernement pour construire et façonner l’industrie – nécessitera une attention plus délibérée, y compris de nombreux efforts à faire pour reconstruire les moyens du gouvernement. Des experts européens et canadiens se sont réunis pour discuter des meilleures pratiques industrielles pour développer une économie sans émissions, ainsi que des avantages uniques du Canada dans la transition à venir, et des outils politiques et de gouvernance nécessaires pour atteindre nos objectifs économiques et climatiques. Ce fut également l’occasion d’annoncer le lancement du Centre de politique industrielle pour la carboneutralité.

  • Faire le lien entre la politique et la gouvernance : L’évolution de l’économie canadienne vers un avenir juste, durable et prospère nécessitera une transformation structurelle qui soit dynamique. Les instruments politiques tels que les investissements en R&D, les crédits d’impôt pour les secteurs verts et les marchés publics devront être associés à de meilleures structures de gouvernance et à un renforcement délibéré des moyens des organisations du secteur public.
  • Une bonne politique industrielle implique de réunir les entreprises et les autres parties prenantes : L’adage bien connu selon lequel le gouvernement ne doit pas choisir les gagnants et les perdants “ne correspond pas à ce qu’est une politique industrielle moderne”, a déclaré le Dr Altenburg. Les grandes transformations dans les domaines de l’agriculture, du logement et de l’urbanisme ont toujours reposé sur des changements politiques qui n’ont jamais été réalisés exclusivement par les forces du marché, a-t-il ajouté, car ces dernières ne peuvent pas résoudre tous les problèmes de coordination, ce qui crée de l’incertitude pour les investisseurs.
  • La coordination est essentielle : Même si nous avions un prix du carbone reflétant le coût réel du changement climatique, cela ne changerait rien au besoin de coordination entre le gouvernement et le secteur privé, a déclaré le Dr Altenburg. Qu’il s’agisse d’augmenter l’infrastructure de recharge pour poursuivre le développement des VE, de déployer l’hydrogène pour remplacer les combustibles fossiles ou d’accélérer la production d’acier à faible teneur en carbone, les gouvernements doivent aider à coordonner les investissements et à catalyser les solutions aux problèmes du type de la poule et de l’œuf au sein des nouvelles chaînes d’approvisionnement et des infrastructures de soutien.
  • S’inspirer des meilleures pratiques mondiales en matière de politique industrielle efficace : Les experts ont établi des parallèles entre le Canada et la Norvège, deux pays dont l’économie repose sur des ressources similaires, mais qui sont moins diversifiés que certains de leurs grands voisins (comme les États-Unis ou la Suède). À l’instar de la Norvège, qui a historiquement utilisé l’hydroélectricité pour créer une stratégie régionale décentralisée, le Canada peut également utiliser son secteur de l’électricité comme un catalyseur structurel pour les approches régionales visant à soutenir la transition vers la carboneutralité et le développement économique.
  • Une définition précise de l’objectif et de la vision est essentielle, mais la flexibilité et la préparation aux imprévus le sont tout autant : “Il doit y avoir une cible et un objectif très clairs, et tout le monde doit être sur la même longueur d’onde” pour y parvenir, a souligné le modérateur, le Dr Bentley Allen, ajoutant que “[les solutions] ne seront peut-être pas là où vous voulez qu’elles soient”.
  • Construire la main-d’œuvre de demain : Il ne s’agit pas seulement de compenser ou de recycler les travailleurs, a déclaré la Dre Mikheeva, soulignant la nécessité de l’apprentissage tout au long de la vie et de la mobilité de la main-d’œuvre entre les différentes professions pour atteindre les objectifs de l’industrie verte dans un but d’intérêt public. Le système allemand de formation professionnelle en alternance, dans lequel le développement des compétences est piloté par le secteur privé, a été présenté comme un moyen pour le pays de relier la formation de la main-d’œuvre aux besoins du secteur industriel.

 

Personnes invitées

Bentley Allan, PhD

Conseiller principal – trajectoires de transition

Bentley Allan, PhD, est conseiller principal – trajectoires de transition à l’Accélérateur de Transition et professeur associé de sciences politiques à l’université Johns Hopkins. Le professeur Allan est un chercheur qui a obtenu de nombreux prix et qui a écrit sur les dynamiques de l’ordre international, le rapport entre la science et la politique, la politique climatique et l’économie politique de la décarbonation. Il conseille régulièrement le gouvernement et l’industrie en matière de géopolitique, de stratégie industrielle et de politique.

Il a codirigé l’élaboration de trois stratégies sectorielles et de feuilles de route en collaboration avec des partenaires industriels. Il est le co-coordinateur du Centre de Politique Industrielle pour la Carboneutralité qui fait avancer la recherche et l’action pour renforcer et mobiliser l’expertise du Canada en matière de politique industrielle moderne, permettant une collaboration stratégique entre le gouvernement, l’industrie, les communautés indigènes, les syndicats et les institutions financières dans la recherche d’emplois et d’une économie compétitive.

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Personnes invitées

Dr. Tilman Altenburg

Chef du programme de recherche, Institut allemand du développement et de la durabilité (IDOS)

Tilman Altenburg dirige le département “Transformation des systèmes économiques et sociaux” à l’Institut allemand du développement et de la durabilité (IDOS), le groupe de réflexion allemand sur la politique de développement. Avant de rejoindre l’IDOS en 1995, le Dr Altenburg était chargé de recherche dans les universités de Berlin et de Marburg. Il a obtenu son doctorat en géographie économique à l’université de Hambourg en 1991. Depuis 1986, le Dr Altenburg a mené des recherches empiriques et publié des ouvrages et des articles de journaux sur des questions de compétitivité, de politique industrielle et d’innovation, de promotion des PME et de développement de la chaîne de valeur. Il conseille fréquemment le gouvernement allemand et les agences internationales de développement.

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Dr. Olga Mikheeva

Chargée de recherche honoraire, Institute for Innovation and Public Purpose (IIPP) à l'University College London (UCL)

La Dre Olga Mikheeva est chargée de recherche honoraire à l’Institute for Innovation and Public Purpose (IIPP) de l’University College London (UCL). Elle est titulaire d’un doctorat en administration publique et gouvernance technologique de TalTech, qui porte sur les États en développement, les banques de développement et la bureaucratie financière. Elle a également coordonné le domaine de recherche sur l’économie monétaire, la finance et les institutions financières au sein de l’Association européenne d’économie politique évolutionniste (EAEPE), a été membre élu du conseil de l’EAEPE, a coordonné le groupe de travail sur l’économie de l’innovation au sein de l’initiative des jeunes chercheurs de l’Institute for New Economic Thinking (INET), et a travaillé dans le domaine de l’évaluation des politiques et du conseil en tant qu’experte principale au sein du groupe Technopolis. Olga est également membre du conseil d’administration de la Fondation pour le développement économique européen (FEED) et membre du réseau d’économie politique de Londres (LPEN).

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